Sherlock le Marocain : Jour 6 - Le Roi Atlas - Part 1

septembre 10th, 2008 by Sherlock
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Enfin le retour de Sherlock le Marocain ! Oui ce n’est pas trop tôt surtout qu’il reste encore 6 jours à dérouler pour arriver au bout de ce merveilleux voyage. Dans l’épisode d’aujourd’hui, Sherlock et sa moitié quittent pour la première fois Marrakech. Attention les yeux !

- Récit par Sherlock -

07/02 : Aujourd’hui nous sortons de Marrakech ! Direction la vallée de l’Ourika !Après avoir avalé notre traditionnel p’tit déj terrasse au riad, nous voilà parés pour le départ. Nous avons opté pour une forme d’excursion touristique locale : le grand taxi. Alors que les petits taxis permettent de circuler dans Marrakech et ses proches environs, les grands taxis, de la même couleur sable, sont spécialisés dans les excursions quelque soit la direction. Le chauffeur loue ses services à la journée et peut servir de guide ou d’interprète.


C’est donc Hassan qui nous attend devant le riad et qui sera notre chauffeur pour la journée. Hassan a un air avenant, les ray-ban (des vraies bien sûr) vissées sur le nez et une petite veste fine. Il nous conduit à son taxi qui, comme tous les grands taxis, est une bonne vieille Mercedes d’un modèle d’au moins 20 ans d’âge. Hassan nous confiera plus tard qu’il possède la voiture depuis 14 ans et qu’il l’aime pour sa robustesse. Il  change le moteur environ une fois dans l’année et se vante de pouvoir aller partout au Maroc jusqu’à 6 personnes avec cet indestructible carrosse. Hassan nous conduira le long de la vallée de l’Ourika jusqu’à la ville de Setti Fatma où nous attend une petite excursion vers les cascades de Setti Fatma.


Nous quittons donc Marrakech en direction de l’Atlas. Dès notre sortie de la ville nous assistons à une scène cocasse puisqu’une mule avec un petit attelage, comme on en voit beaucoup ici, s’est “séparée” de son conducteur qui a fini les quatre fers en l’air. Heureusement un policier est là pour relever le malheureux. Nous finissons par doubler la mule qui galope tambour battant vers une direction qu’elle semble être seule à connaître.

La route est pour le moment rectiligne est nous mène tout droit vers l’Atlas. Nous doublons de temps en temps de biens étranges attelages remplis de barda, des mules ou des mobilettes chargées de bien plus de poids que celui du conducteur.  Sur les bas cotés se mèlent de nombreux cactus et oliviers. Je suis étonné de voir autant d’immenses bâtiments en construction : hôtels, riads et gigantesques propriétés sortent de terre. Il me semble d’ailleurs qu’un certain nombre de ces constructions a été commencé mais jamais terminé.

Après environ 40 minutes de route, le terrain commence à se faire plus vallonné. Nous traversons une ville ressemblant assez à l’un de ces centres de ravitaillement assez communs dans certaines régions à la géographie difficile. Hassan nous indique que nous entrons dans la vallée de l’Ourika. La route se fait sinueuse. Notre chauffeur nous indique que nous pouvons l’arrêter quand nous le souhaitons pour prendre des photos et regarder le paysage. Nous en profitons donc pour photographier l’Atlas et ses pentes enneigées désormais si proches.

Sur le bord de la route de nombreuses échoppes présentent bijoux, poterie ou tapis. Des enfants ou des vieillards remontent la pente à dos de mules. Sur certaines parois rocheuses des dizaines de tapis sont alignés et mélangent leurs teintes variées à la couleur de la terre qui a déjà viré au rouge depuis quelques kilomètres.

Nous nous arrêtons au pied d’une immense bâtisse dont les murs sont aux mêmes couleurs que les centaines de poteries qui couvre ses flancs. Un peu à l’écart du bâtiment un homme foule avec ses pieds de la terre rouge un peu de la même façon que nos anciens pressaient le raisin. Celle-ci servira de matière première à la fabrique locale.

Nous reprenons notre route. Le spectacle de cette terre rouge, de ces terres agricoles si vertes et de la montagne enneigée si proche est assez particulier. En bas de la vallée, le long de l’Ourika, nous nous arrêtons pour visiter la maison d’un berbère qui a vu dans le tourisme une façon intéressante d’améliorer son quotidien.

Hassan nous apprendra plus tard que cet homme a perdu sa femme dans la grande crue de 1995 qui a fait 11000 victimes. C’est donc cet homme à la barbe noire qui nous accueille, nous montre la roue de pierre qui lui serre à moudre le grain, nous donne son pain et ses olives à goûter. Toute une famille vit là juste au bord de la rivière profitant de son courant. Une cuisine rudimentaire, une pièce à vivre, une chambre complètent un logis accueillant. Les berbères vendent également quelques poteries, bijoux et miroirs dans un petit local magasin.

Nous reprenons notre route et nous arrêtons encore quelques fois pour prendre quelques photo. Enfin vers 12h, nous arrivons à Setti Fatma. Setti Fatma est une bourgade au bord de l’Ourika et compte 45 familles qui vivent de l’artisanat, de l’agriculture et du tourisme en servant de guides pour les visiteurs des cascades.

Dès notre arrivée, Hassan nous indique un restaurant où nous pourrons emmagasiner les calories nécessaires à notre escapade dans la montagne. Nous voici donc installés sur une improbable terrasse de restaurant délimitée par quelques piquets au bord de l’Ourika : des tables de jardin sont installées a même un sol à l’herbe rare. Des nappes rouges sont dressées, la salière et la poivrière ont quelque peu pris l’humidité et la carte présente un menu restreint mais peu surprenant : omelette, tajine berbère et oranges à la cannelle. Nous faisons un excellent repas et sommes donc prêts à attaquer la partie physique de l’excursion.

Pendant notre repas Hassan est resté discuter avec les gens du crû. A notre sortie du restaurant, il nous indique une personne qui nous servira de guide. C’est un homme qui paraît plus jeune que moi qui nous approche. Nous nous mettons d’accord sur le tarif du parcours puis partons sans autre forme de procès.

Notre guide se prénomme Adil et a en fait 32 ans. Adil parle un français impeccable et est du genre affable. Il est guide ici depuis 18 ans et fait également le “sherpa” sur des distances plus longues notamment pour la traversée à pied de l’Atlas jusqu’à la station de ski. Tout au long de notre marche il nous parlera de la façon dont les gens vivent ici, comment ils gagnent leur vie où comment il voit le Maroc. Avec Adil nous parlerons de bien des choses et nous aurons vraiment l’impression d’un véritable échange humain et chaleureux comme on en expérimente rarement dans un voyage comme le nôtre. A la sortie de notre ballade, ma moitié me dira qu’elle commence à comprendre les marocains, les berbères, la façon dont ils vivent et leurs motivations quotidiennes.

C’est donc en ayant une vive discussion avec Adil que nous entamons la grimpette. Adil prend à sa charge le sac de Leslie. De mon côté, l’appareil photo constitue un handicap certain pour quelques manœuvres délicates. Nous quittons progressivement le village et suivons au début de notre parcours des adolescents transportant de lourdes charges vers un chantier haut perché dans le bourg.

Sur notre parcours se dressent buvettes et étals d’artisanat local. Un jeune sculpteur sur pierre nous montre ses outils et ses produits.

Ne nous laissant pas trop distraire par ces sollicitations, nous continuons notre progression. Nous traversons des pontons de bois au dessus de cours d’eau provenant directement des neiges de l’Atlas. Les rochers lisses sont parfois glissants et nous croisons quelques touristes trop légèrement chaussés.

Les cascades de Setti Fatma sont au nombre de sept. La légende veut que les sept femmes d’un berbère célèbre aient été changées en cascades à sa mort. C’est donc à la première de ces femmes que nous parvenons rapidement. La cascade est finalement assez peu impressionnante, qui plus est à l’ombre de la montagne. Leslie est cependant un peu essouflée, aussi profitons nous de la pause photo pour respirer un peu.

Adil nous demande si nous souhaitons continuer. Nous répondons par l’affirmative et entamons la suite du parcours. Un rocher glissant sera le seul obstacle sérieux à nôtre progression vers la vue des 5 cascades suivantes. Toujours  à l’abri de l’ombre de la montagne, elles sont toutes en amont les unes des autres et ne présentent pas un débit impressionnant. Cela me rappelle étrangement une version Marocaine du site des sept  chutes au Canada. Rassasiés de photos, nous indiquons à Adil que nous préférons profiter du parcours vers le village et de son panorama que de la septième femme du berbère.

Le sol est terriblement sec et rocailleux désormais. Nous sommes selon notre guide à plus de 1800 mètres d’altitude. Adil est un guide prévenant avec ma Gazelle et lui tient la main pour l’assurer lors des passages difficiles ou glissants. Ma jalousie est battue en brèche par le plaisir que ma moitié semble prendre à profiter de la ballade et de notre discussions avec Adil. Nous voici finalement précédés par un gamin promenant un mouton et son petit qui lui obéissent religieusement. Au long de notre parcours nous avons également croisé des singes (babouins) et des chèvres.

C’est donc accompagnés d’Adil, du gamin, de ses moutons et de quelques chèvres au loin que nous parvenons à une magnifique vue sur le village et sur la montagne rouge qui lui sert d’arrière plan. Chose étonnante : un marchand berbère s’est hissé jusqu’ici avec sa marchandise pour “le plaisir des yeux”.

C’est après bien avoir profité de la vue que nous redescendons doucement vers le village, toujours précédés par le gosse et ses moutons. Nos deux heures de ballade se terminent face au restaurant dont nous avions pris le départ.

Je paye Adil pour ses services, nous le saluons puis remontons dans notre grand taxi.

Sur le chemin du retour, le soleil descendant offre une vue intéressante sur la terre rouge de la vallée. Leslie et moi sommes quelque peu fatigués aussi nous laissons nous bercer par la variété française que Hassan a mise sur son poste.

De retour dans le bruit de Marrakech, nous demandons à nôtre chauffeur de nous déposer au centre artisanal. Le centre artisanal permet aux touristes de voir comment travaillent les différents corps de métier de l’artisanat marocain et surtout d’acheter à des tarifs affichés ce qui constitue un luxe rare dans les souks de la ville. Nous faisons donc rapidement le tour des vanniers, céramiquiers, tisserands et autres. Nous nous arrêtons longuement chez un feutrier qui nous explique par le détail comment il confectionne chapeaux, mules et sacs à base de laine naturelle et de savon noir. Ma Gazelle finit par acheter à ce très gentil monsieur un sac pour sa petite soeur.

Nous passons ensuite chez le maroquinier et lui achetons deux sacoches de sa confection en parvenant à en négocier légèrement le prix. L’homme est bien moins amical, aussi n’apprenons nous rien de son art.

Nous traversons ensuite la rue pour nous assoir au très reposant cyber parc d’où nous consultons nos mails et constatons que notre portefeuille est bien dégarni. Le lendemain une visite au distributeur s’imposera !

C’est poussiéreux et épuisés que nous rentrons au riad au couché du soleil pour y prendre un peu de repos et une douche indispensable à nos corps de randonneurs. Nous ne ressortirons que pour manger sur la place Jeema El Fna, comme tous les soirs depuis nôtre arrivée.

La note du photographe amateur :

Une première sortie hors des sentiers battus qui m’a fait du bien. Néanmoins, et ce sera définitivement mon grand regret, j’ai encore eu beaucoup de mal à faire du portrait. Pour ce qui est des paysages, les très forts contrastes entre les zones d’ombres et de lumières, le tout mis en évidence par la terre rouge ont mis mon appareil à l’épreuve sans que je ne trouve vraiment la parade.

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La galerie complète de cette journée : 57 photos.

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Revivez les épisodes précédents sur le net avec Sherlock Replay Online :

Sherlock le Marocain : Jour 5 - Les yeux dans le Bleu

Sherlock le Marocain : Jour 4 - Hamman et couscous

Sherlock le Marocain : Jour 3 - là où bronzent les cigognes

Sherlock le Marocain : Jour 2 - apprivoiser Marrakech la trépidante

Sherlock le Marocain : Jour 1 - Lost in translation

Sherlock le Marocain : l’intro !