La sanction du diplôme

Samedi 1er juillet aura marqué la fin définitive de ma vie d’étudiant. Welcome to the real world…Mon (ex) école de commerce accueillait ses anciens pour leur remettre leurs diplômes. Moment pompeux s’il en est. 4 discours pour nous dire encore une fois à quel point nous sommes les meilleurs, l’élite, les futurs grands dirigeants…4 discours pour nos ex-éducateurs pour s’autocongratuler, se gratifier d’avoir fait de cette bande de jeunes gens un peu (trop) truculents une armée de cadres prêts à en découdre dans les plus grands groupes du monde.Si je remets un peu tout ça en perspective, j’ai l’impression d’un immense mensonge, de promesses creuses et finalement si loin de mes désirs propres. Rien qu’à voir ce qu’il m’a fallut traverser pour trouver un travail, j’ai clairement la sensation d’avoir vécu dans un univers parallèle pendant ces 4 années en école. Le fait d’y être revenu pour cette journée et d’avoir croisé quelques admissibles qui, eux, en sont au début de l’aventure est d’une parfaite ironie. Le discours d’entrée à l’école et le discours de sortie sanctionné par le fameux diplôme qui nous baptise pour aller gonfler les rangs des cadres bien dans le moule sont presque identiques.Alors non je ne vais pas cracher dans la soupe, loin de là : j’ai appris pas mal de choses sur moi, mes capacités à faire certaines choses dont je ne me sentais pas capable avant. J’ai rencontré quelques très bons amis, j’ai apprécié la vie sociale, associative, j’ai pu partir à l’étranger un an. Tellement de choses qui feraient envie à beaucoup de jeunes gens qu’il me semblerait très mal placé de critiquer les structures qui ont fait de mon parcours ce qu’il a été.Non, ce que je trouve plus dommageable c’est cette désagréable impression d’être loin de la vie, de ses problèmes, de ses choix. L’impression d’avoir été dans un univers qui ne nous prépare qu’à réussir, qu’à être “grand”. Mais où est la notion de danger ? où sont les moments de doute ? La caution nécessaire quand on prépare des gens à leur avenir ?Ne pas s’enflammer, rester humble, ne pas avoir l’air de sortir d’un moule presque trop parfait…ça n’existe pas, non. Pas dans cet univers en vase clos dans lequel la majorité des gens n’a jamais connu les problèmes d’argent, la vie au milieu d’un tissu social qui est celui d’une grande majorité de gens dans notre pays, l’échec de quoi que ce soit. Ajoutez à celà la “propagande” de l’école à base de discours sur notre avenir assurément brillant, sur nos capacités forcément supérieures, sur notre appartenance à un “groupe” qui se supportera toujours. Vous obtiendrez cette photo : l’image de beaucoup de jeunes gens qui donnent déjà l’apparence d’une “réussite” alors que ce n’est qu’un départ et que tout est à prouver, l’image de personnes un peu “déconnectées” de la vie.Bien sûr je suis sur cette photo, je fais partie de l’image et jamais je ne nierais que les choses dont je parle ci-dessus puissent s’appliquer à ma personne. Pourtant la distance critique est plus que nécessaire et j’espère qu’une majorité des gens de cette photo en ont au moins une fois pris conscience…moi y compris.Champagne, grosse chaleur, séances de retrouvailles avec certaines personnes pas vues depuis très longtemps ont ponctionné la journée.Une dernière chose : merci à vous mes parents de m’avoir permis tout ça, de pouvoir démarrer au mieux ma vie et surtout de valoir autre chose que mon diplôme.