Sherlock le Marocain : Jour 3 - Là où bronzent les cigognes

juin 11th, 2008 by Sherlock
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La suite des aventures Marocaines de Sherlock et la Diablesse qui prennent doucement confiance. Mais l’abus de confiance n’est-il pas dangereux pour la santé ?

- Récit par Sherlock -

04/02 : Deuxième vraie journée de touristes a Marrakech ! Après un délicieux petit déjeuner sur la terrasse du riad, le ciel bleu nous a une nouvelle fois emmené dans les ruelles etroites de riad zitoun mais cette fois-ci nous partons dans la direction opposée à la place Jemaa el fna pour nous diriger vers les deux palais El-Badi et Bahia.

Pendant que nous déambulons a notre rythme, je remarque que la Diablesse est bien plus a l’aise que la veille pour se frayer un chemin et esquiver les si nombreuses sollicitations des Marrakchis.

Après une courte marche et quelques photos, nous débouchons sur la place des Ferblantiers. Cette dernière prend la forme d’un carré planté de quelques palmiers. Tout autour sont disposées de petites échoppes et des restaurants à vil prix. L’ensemble est plutôt “propre” par rapport au niveau standard de la ville. D’ailleurs la proportion de touristes présents sur la place pourrait rassurer les accros du tourisme d’agences de voyages. Visiblement les locaux l’ont bien compris puisque chaque porteur d’appareil photo ne manque pas d’être abordé : mandiantes ou vendeuses de bracelets “pour la gazelle” font indéfiniment le tour du carrée abordant sans relâche chaque groupe, couple ou famille. Pour compléter l’ambiance quelques gamins jouent au foot en plein centre du carré et envoient régulièrement le ballon frapper les lampes exposées sur une devanture ou les pièces de tôle d’un artisan.

Je remarque rapidement qu’au fond de la place, sur les deux tourelles surplombant la porte menant au palais El-badi que d’immenses oiseaux semblent avoir établi domicile dans le secteur…après un rapide coup d’oeil nous nous rendons compte que les lieux sont habités par des cigognes se faisant dorer la pilule sur les toits rougis de la place et de l’enceinte extérieure du palais.

Alors que nous nous remettons a peine de cette nouvelle, un jeune homme nous aborde et nous indique que le palais ne rouvrira qu’à 14h30. Puis il se propose de nous conduire vers le Mellah, le quartier des juifs, célèbre également pour son marché où juifs, marocains et berbères vendent et achètent épices et substances de toutes sortes. Bien conscients que le jeune homme ne fait pas ce geste de façon désinteressé, nous nous décidons néanmoins à le suivre séduits par sa connaissance du quartier, ses “mon ami” et sa gentillesse tout du moins apparente.
Traversant ruelles et raccourcis nous passons également au pied d’une muraille sur laquelle nichent, alignées, un bon nombre de cigognes. Notre interlocuteur est bavard et mes questions l’amènent à m’expliquer que le quartier est bien pauvre et que personne ici ne possède le lieu dans lequel il vit ou travaille.

Nous voilà enfin arrivés sur le marché où les affaires sont forcément meilleures pour les touristes que sur la place Jemaa-el-fna selon notre nouveau guide. Il nous dirige vers les sacs d’epices présentés sur les bords de la rue et met à l’épreuve notre odorat en présentant sous nos nez d’européens quelques odeurs relevées, épicées, douces ou sucrées. S’y ajoutent quelques curiosités comme le rouge à lèvres berbère ou “le viagra marocain”. L’assurant que l’utilité de cette plante ne me paraît pas évidente dans mon cas je le laisse nous guider vers l’intérieur d’une boutique où se mêlent odeurs, bocaux, sac d’épices, une balance et des poids.

Nous y sommes chaleureusement acceuillis par le propriétaire dont le frère est déjà aux prises avec trois jeunes espagnoles, toutes la main tendu pleine d’argile blanc devant elles. Nous nous regardons amusés, complices de cette prise d’otages de touristes finalement bien consentants. Le thé a la menthe scellera quelques achats pesés sur la rudimentaire balance et ses quelques poids usés par les années. Nous avons été mis en confiance par un argument de poids : le propriétaire nous a exhibé un guide touristique d’au moins 20 ans d’âge le citant comme commerce très respectable de ce réputé quartier. Dans notre élan nous lui achetons du curry marocain, du safran, un coktail moulu de 35 épices, de feuilles de thé a la menthe, de la canelle et du bois de santal. Il nous fait cadeau de curres dents et de rouge à lèvre berbères.

Nous ressortons de la boutique pleins des odeurs d’épices et de l’assurance que notre jeune guide touchera sa part de rabatteur. De retour sur la place des ferblantiers nous mangeons rapidement un tajine avant de nous lancer dans la visite du palais de la Bahia.

Le palais est un endroit assez sympa, un hâvre de verdure et d’architecture au coeur de Marrakech. Des orangers, palmiers et bouguinviliers cotoyent d’immenses salles disposées selon le principe du riad avec une pièce centrale. Des portes en bois richement peintes accompagnent des fresques finement découpées. Globalement l’endroit est plein de touristes qui tentent a qui mieux mieux de prendre des photos convaincantes d’immenses salles vides un peu sombres.

En ressortant du palais nous flânons dans les ruelles alentour dont les échoppes proposent essentiellement des épices, toutes disposées dans d’immenses paniers où le rouge du safran, le jaune du curry sont présentés en d’impressionnants cônes très photogéniques. Affamés par ce spectacle odorant, nous nous décidons à revenir sur la place Jeema El Fna pour y savourer un petit goûté aux couleurs locales. Nous retournons donc au restaurant “les prémices” où la Diablesse a testé une M’hancha aux poires et au miel alors que  je rassasiais de nouveau mes papilles du goût du pain d’épices à l’orange. Sortis gaillards de cette petite collation nous  entreprenons un travail d’eclaireurs vers les souks alors que le soleil descend sur la médina.

Les souks : des dizaines d’échoppes dans des ruelles tenues a l’abri du soleil par de bienvenues protections jetées en vrac d’un côté à l’autre de la chaussée. Dans ces ruelles etroites se croisent badeaux, commerçant, carioles et mobilettes. Une fourmilière colorée et finalement chaleureuse. Nous sommes portés par une foule nullement oppressante et constatons effarés que faire se croiser deux carioles dans des artères si étroites tient de la mission impossible… La manoeuvre bloquant par ailleurs le flux de la circulation humaine.

Le souk est organisé (oui oui c’est organisé) selon le type de biens vendus : secteur des épices, de la vannerie, du tissu, des instruments de musique etc. Nous débouchons vite sur une placette où marchands de tapis cotoyent vendeurs de fez et chapeaux. Enfin nous parvenons sur une autre placette bien peu touristique où des dizaines de femmes sont installées pour vendre de vieux vêtements, le tout sous le regard mou d’un agent de la sécurité militaire. Ne nous attardant pas, nous tentons de retrouver notre route vers la sortie de ce labyrinthe.

De retour sur la place Jeema El Fna, nous sommes bien heureux de voir que le soleil vit ses dernières minutes de la plus belle des façons en nous offrant un magnifique cliché de la koutoubia.

Après une bonne douche, nous retournons manger une bricole sur la place. Leslie est tentée par un plat local célèbre : la pastilla. Ce plat prend la forme d’une tourte fourrée aux épices, au poulet et aux amandes. Le dessus de la pastilla est arrosé de sucre glace et de cannelle. Leslie a finalement peu apprécié ce mélange peu commun et n’a fait qu’un repas médiocre. De mon côté, les merguez se sont avérées être une valeur sûre pour finir cette journée pleine de couleurs et d’odeurs.

La note du photographe amateur :

Encore pas mal de photos verticales pendant cette sortie mais je commence à me soigner. C’est aussi ce jour que je me suis rendu compte qu’il allait être très difficile de faire du portrait, même volé. Les personnes sont rapidement assez agressives dès qu’elles voient un appareil photo (surtout discret comme le mien) se braquer vers elles ou vers une autre personne qu’elles ne tardent pas à prévenir qu’elle va se faire voler un portrait. Les souks ont également été assez difficiles : la foule permanente, le mouvement et l’ombre assez présente ont mis à ‘épreuve mon appareil, son stabilisateur et ma tremblotte naturelle. Avec le recul je pense que j’aurai dû passer en mode “priorité au temps de pose” pour permettre à l’objectif de prendre assez de lumière.

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La galerie complète de cette journée : 43 photos.

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Revivez les épisodes précédents sur le net avec Sherlock Replay Online :

Sherlock le Marocain : Jour 2 - apprivoiser Marrakech la trépidante

Sherlock le Marocain : Jour 1 - Lost in translation

Sherlock le Marocain : l’intro !